Les récifs coralliens sont des milieux naturellement très variables sur des échelles de temps qui varient de l'heure à la décennie. Ces variations sont plus ou moins marquées selon les habitats et les variables concernées. Les suivis de l'environnement permettent  d'appréhender la dynamique temporelle du milieu sur un espace géographique déterminé. La stratégie d'échantillonnage et le traitement statistique associé des données sont adaptés à l'objectif de départ et varient donc d'une thématique à l'autre. La notion de suivi implique par définition une répétition dans le temps d'une mesure comparable aux précédentes et aux suivantes. La durée reste dépendante des objectifs. On entend par suivi environnemental, toute activité visant a mesurer un paramètre chimique (e.g. : pH, salinité, sels nutritifs, oxygène, polluants), physique (e.g. : température, turbidité), biologique ou microbiologique (e.g. : bactérie, virus, coraux, poissons, algues) dans le milieu naturel, i.e. : colonne d'eau, substrat ou sédiment, par des prélèvements réguliers, prélèvements étalés sur une période d'au moins trois années et selon une fréquence déterminée. Par extension les réseaux de suivi sont des ensembles géographiques comportant au moins deux points de suivi distincts répartis dans l'espace. Le cours présenté dans le cadre d'ENSAD présente un ensemble de réseau de suivi développés par le CRIOBE en insistant sur deux exemples :

1- le programme Polynesia mana à l'échelle du Pacifique tropical sud, concernant 15 îles et ayant pour objectif le suivi de l'évolution des récifs dans le contexte des perturbations naturelles et liées aux changements climatiques.

2 le suivi des Aires Marines Protégées de Moorea axé sur la démonstration des effets de restrictions de collecte sur la ressource biologique

Dans une volonté de gestion durable des ressources marines, le gouvernement de la Polynésie française a mis en place en 2014 un Plan de Gestion de l’Espace Maritime (PGEM) de Moorea, qui a pour but de réglementer l’utilisation de l’espace maritime et l’exploitation des ressources. L’une des propositions du PGEM de Moorea a été  de créer des Aires Marines Protégées (AMP) réparties tout autour de l’île de Moorea. Afin de valider l’efficacité des AMP et des protocoles de suivi, des aires témoins (AMT) ont également été créées, servant de zone ‘contrôle’ dans le suivi des AMP. Afin de se dédouaner de la variabilité des habitats, nous avons choisi d’appliquer  une procédure BACIPS (Before After Control Impact Series) (Osenberg et al., 1992) de manière à contrôler l’impact de mise en réserve. Le principe de la méthode de suivi BACIPS repose sur la surveillance en parallèle de deux zones, avant et après la mise en réserve de l’une des deux et l’observation de l’évolution temporelle des descripteurs retenus pour caractériser les zones. Les Aires Marines Témoins (AMT) ont donc été définies par les chercheurs chargés de travailler sur l’efficacité de l’effet réserve, et permettent de suivre l’évolution ‘naturelle’ de l’écosystème récifal hors des zones protégées, servant ainsi de ‘référence’ pour tester l’effet réserve.

  • Huit AMP et Cinq aires témoins ont été choisies autour de Moorea.
  • Les Aires Marines choisies englobent la zone allant du rivage jusqu’à 70 mètres de profondeur sur la pente externe. Chaque aire marine est divisée en trois zones : une zone sur le récif frangeant, une zone sur le récif barrière et une zone sur la pente externe à –10 mètres.
  • Pour des raisons de traitement des données et de statistiques, trois stations (réplicas) sont déterminées dans chaque zone, dans chaque aire. Chaque station est représentée matériellement par un transect (ligne de 25 m tendue) installé de manière aléatoire.
  • Le suivi porte donc sur 117 stations : 13 aires marines (8 AMP et 5 AMT) ; avec trois zones par aire marine (pente externe, récif barrière, récif frangeant) (39 zones) et trois stations par zone (réplicas) (117 stations).
  • A chacune des stations, cinq peuplements descripteurs mesurés le long du transect servent à décrire et à surveiller les stations dans le temps : les Coraux, les Algues, les Poissons, les Mollusques et les Echinodermes.
  • Cette surveillance est en place depuis 2014

En Polynésie française sont rencontrées principalement deux espèces de tortues marines : la tortue verte et la tortue imbriquée. Ces deux espèces présentent, au moins durant une période de leur cycle de vie, un régime alimentaire herbivore. Les thématiques actuelles sur les changements climatiques globaux, les pollutions de l'eau et l'évolution des récifs coralliens reconnaissent l'importance du pouvoir d'herbivorie des organismes composant l'écosystème corallien dans son maintien et sa résilience. Aussi il devient intéressant de mieux comprendre le rôle de ces macro-herbivores des récifs. Cela passe notamment par une étude des stocks et des populations, en suivant par exemple l'évolution spatio-temporelle des événements de ponte, ou la répartition spatiale et temporelle des individus adultes et juvéniles sur les pentes externes des récifs coralliens. Les données présentées dans ce cours ont été obtenues par Te mana o te moana.